Saint-Louis, aux sources du Sénégal
A mi-chemin entre la Nouvelle-Orléans et Pondichéry, siège Saint-Louis. Ancienne ville coloniale française réputée pour son festival de jazz et son architecture urbaine qui détonne, la première capitale du Sénégal est fortement recommandée par tous les guides touristiques et les dakarois un tant soit peu adepte de tourisme.
La première impression joue beaucoup dans l’appréciation d’une ville. Arriver de nuit pour profiter de l’ambiance des soirées Saint-Louisiennes semblait une bonne idée, j’imaginais un saxophoniste préparant le festival en donnant une représentation sur la terrasse d’un café, entouré de quelques amateurs, éclairé par la lumière intérieure en plein cœur de la ville. Légère déception. En tant que bonne ville sénégalaise, Saint-Louis ne dispose que de très peu d’éclairage public. En guise de jazzmen, les trottoirs de la ville grouillent de marabouts qui incantent des prières mourides, très proches des rites vaudou. Et leurs spectateurs sont des enfants d’une dizaine d’années, emportés par la mélodie redondante que récite leur protecteur, leur corps tout entier est pris de spasme, traduisant ainsi une entrée en trance dans le monde des esprits. Ambiance de folie !
L’urbanisme m’a personnellement un peu déçu, malgré les efforts du gouvernement, le classement de la ville au patrimoine mondial de l’UNSECO, rien n’y fait, Saint-Louis semble sombrer vers l’état de ruine. La gloire et la beauté d'une ville coloniale se devinent encore, mais il me semble que Saint-Louis a perdu son âme, ce n’est plus une ville d’art, c’est une ville à touristes. Il y a peu d'amoureux de la ville qui s'attachent à restaurer quelques batiments à la mode d'antant, et trop de restaurateurs cherchant à récuperer les sous de toubabs de passage. Les hôtels sont donc de bonne qualité, l’accueil est globalement chaleureux, la restauration tout à fait correcte et les prix halluciants.
En fort charmante compagnie, j'avais tenté d'impressionner en étalant tout mes talents de négociateurs et obtenir de l'hotelier un bon prix. Son offre initiale était de 25 000 FCFA (~32€). J'ai tout essayé, le wolof, les grands sourires, l'humour, le coup du "finalement je vais voir ailleurs". Rien à faire, mon adversaire ne lachaît pas un centime de franc CFA. Sans honte après un si rude combat, j'étais sur le point d'abdiquer. C'était sans compter la douce voix féminine qui m'accompagnait, qui enonça simplement trois mots : "on dit 20 000?". Et l'hotelier d'accepter aussitôt. Les voies du négoces sont bien mystèrieuses...
Ballade dans les rues de Saint-Louis
Elle essaye de m'bouffer! Voici un apperçu de la faune du Djoudj.
« Les mamans reconnaissent les bébés à leurs odeurs. Regardez là ! il y en a un qui dit "Maman, maman, j’ai faim "»
« On reconnait le bébé pélican facilement, il est noir. En grandissant il devient blanc. C’est pas comme nous. Nous on naît noir mais on n’arrive pas à changer. »
« Voici un crocodile, vous pouvez le prendre en photo, il bouge pas mais il est vivant. On va lui donner un toubab à manger pour voir. »
La légende raconte la première rencontre entre les colons et les autochtones. Les Français, cherchant à connaître le nom du fleuve, demandèrent : "qu'est ce que c'est?" En pointant du doigts les eaux sur lesquels se trouvait la pirogue des africains. Ces derniers répondirent en wolof : "Sunu gal", notre pirogue. Avec l'accent français, cela a donné Sénégal.