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09 Apr

La vie c'est du coton

Publié par Blacjac  - Catégories :  #Vie quotidienne

23h30. La chambre de Vélingara plongée dans la pénombre il y a quelque secondes encore est soudain illuminée par l’écran de mon smartphone. Je l’ai allumé pour connaître l’heure. 23h30. Je fais un rapide calcul, cela fait moins d’une heure que je me suis couché. C’est mauvais signe. Je referme les yeux et le clapet du smartphone, la lumière était trop violente. L’environnement est obscur, mais j’en perçois les informations essentielles. C’est calme, trop calme. Ce n’est donc pas le cri d’un cochon errant ou d’un âne en rut qui m’a réveillé.

 

Maintenant assis sur mon lit, je tends le bras vers la table de nuit pour saisir la bouteille d’eau. Je ne tâtonne plus comme à mes débuts ; à cette époque il m’arrivait parfois de renverser la bouteille en voulant m’en emparer sans la voir, elle se faufilait alors sous le lit ou se cachait derrière une armoire, et ça devenait une véritable galère pour la retrouver. L’instinct s’est développé, un lien s’est créé entre ma bouteille et moi : à tout moment, je sais précisément où elle est. C’est une question de survie. Alors que j’en dévisse le bouchon, un léger bruit de gaz se dégage, le même son caractéristique des bouteilles de soda que l’on ouvre. Je laisse échapper un « sacrebleu ! ». L’eau était encore fraîche quand je m’étais couché, il y a environ une heure. La bouteille gonflée à bloc et la présence de ce gaz indiquent que l’eau a chauffé. Je la bois quand même, sans plaisir, mais le frais est un luxe qui passe pour un caprice inutile dans les situations comme celles-ci.

 

Je m’empare de mon oreiller, je me lève puis saisis une serviette. Je bidouille un peu le ventilateur sans me faire trop d’illusions, son absence totale de réaction est sans appel, le courant est coupé. J’espère vaguement que c’est lui qui m’a réveillé, mais je sais bien que non, je suis maintenant capable de dormir plusieurs heures sans ventilateur, dernièrement j’ai même réussi à passer des nuits entières sans le bruit de l’air battu par ses pales. Je récupère le « sacrebleu ! »  de tout à l’heure et je l’échange contre un « tout doux Frank ». Encore à moitié endormi, armé de mon oreiller et de ma serviette, je me dirige vers l’extérieur du logement ; je n’en connais pas très bien le chemin, d’habitude il est éclairé, mais cette fois je ne prends pas la peine de toucher les interrupteurs. Ce parcours est semé d’embuches ; je me prends les pieds dans des bords de table, mon genou se heurte à la porte entrouverte, ma tête m’informe violemment que ce n’est pas la porte de la sortie mais celle du placard que j’essayais de prendre, mon petit orteil hurle à la mort au contact du canapé. Mais c’est pas grave, moi, j’ai pas mal. L’important est de sortir, vite.

La fleur de coton est constituée de graines desquelles sortent des fibres. Après passage en usine, les graines sont séparées des fibres. Les fibres sont mises sous forme de balles et destinées à l'industrie textile, et les graines sont soit destinées à l'alimentation annimales, soit traitées pour servir de semance.
La fleur de coton est constituée de graines desquelles sortent des fibres. Après passage en usine, les graines sont séparées des fibres. Les fibres sont mises sous forme de balles et destinées à l'industrie textile, et les graines sont soit destinées à l'alimentation annimales, soit traitées pour servir de semance.
La fleur de coton est constituée de graines desquelles sortent des fibres. Après passage en usine, les graines sont séparées des fibres. Les fibres sont mises sous forme de balles et destinées à l'industrie textile, et les graines sont soit destinées à l'alimentation annimales, soit traitées pour servir de semance.

La fleur de coton est constituée de graines desquelles sortent des fibres. Après passage en usine, les graines sont séparées des fibres. Les fibres sont mises sous forme de balles et destinées à l'industrie textile, et les graines sont soit destinées à l'alimentation annimales, soit traitées pour servir de semance.

Enfin ! Je respire, l’air est plus frais dehors. J’étends ma serviette, installe mon oreiller et m’allonge sur ce lit de fortune. Un coup d’œil vers le ciel confirme ce que je craignais. Moundao, avec qui je partage le logement me rejoint rapidement. Notant comme moi  l’absence d’étoiles dans le ciel, il me dit « Grand, cette chaleur-là, ce n’est pas bon ». Plus tôt dans la nuit, à 20h, le mercure indiquait 41°C, ce qui est plutôt courant en ce moment. Mais ce soir, la chaleur est mauvaise, c’est elle qui m’a réveillé. Je ne l’avais encore jamais vécue au Sénégal, c’est la chaleur étouffante que j’ai bien connue en Inde, la chaleur humide qui décuple le ressenti, alourdi considérablement le temps et coupe la respiration. C’est la chaleur d’avant les pluies. Et ce n’est pas bon, parce que d’habitude les pluies arrivent au plus tôt en mai, non début avril, or le Sénégal base une partie de son agriculture, le coton notamment, sur le rythme des pluies. Il va falloir accélérer la cadence.

 

Accélerer la cadence... C'est bien difficile dans les conditions sénégalaise. La panne de courant de ce soir n'a rien d'un hasard. 23 heure, c'est le changement de quart, l'équipe de nuit vient prendre le relai pour faire tourner l'usine jusqu'à l'aurore. Chaque transition est marquée par une periode de maintenance durant laquelle les machines sont à l'arrêt. Une fois la maintenance terminée, l'usine est lancée à plein régime, le courant ne tient pas toujours le coup, et parfois, comme ce soir, c'est la panne généralisée.

 

Nous restons une vingtaines de minutes allongés dehors avant que les lumières ne se rallument indiquant que le courant est revenu. Nous attendons encore une bonne dizaine de minutes avant de rejoindre le confort de nos chambres, histoire de laisser le temps à nos ventilateurs de dégager la chaleur qui s’est installée dans le logement.

Sources

Image de la fleur de coton: http://www.lafleurnouvelle.com

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À propos

L'extraordinaire aventure d'un français VIE qui partit au Sénégal